En tant que Leadership & Executive coach, on me demande souvent ce qu’apporte le coaching.
Après avoir accompagné plus de 100 clients en coaching et interviewé plus de 80 leaders de startups et multinationales à propos de leurs missions et besoins, j’ai voulu prendre le temps de réfléchir sur l’intérêt du coaching quand on occupe un poste de leadership.
Cet article est une synthèse de cette analyse. Je vais également l’actualiser avec vos retours d’expérience. Si vous souhaitez y contribuer vous pouvez répondre à ce questionnaire.
II – Pourquoi ai-je besoin d’un coach ? Sortir de l’image coaching = problèmes
“Pourquoi ai-je besoin d’un coach ?”
Cette question, je l’ai entendue de nombreuses fois parmi les entrepreneurs, directeurs et exécutifs que j’ai l’occasion de côtoyer.
Souvent, elle est suivie de l’affirmation classique :
“Je n’ai pas de problème particulier.”
Car même si le coaching est de plus en plus à la mode en France, il traîne encore une image tenace dont il est difficile de se défaire :
Le coaching, c’est pour ceux qui ont des problèmes.
L’un de mes clients, CFO dans une multinationale, m’a un jour partagé sa vision du coaching :
“Lorsque je suis arrivé pour prendre la direction financière du groupe en Australie, la CEO de l’époque m’a accueilli dans ses bureaux pour poser la vision et les objectifs de ma mission. Alors que la réunion touchait à sa fin, elle m’a dit :
J’ai confiance en toi pour la mission. La seule chose que je te demande, c’est que tu prennes le temps de choisir un coach.
Sur le moment je n’ai pas compris. Je n’avais pas de problèmes, mes expériences passées étaient réussies. Pourquoi devrais-je me faire suivre par un coach ?
Après quelques séances, j’ai vite compris pourquoi elle m’avait demandé ça. Aujourd’hui je peux dire que ça a changé ma vie. J’ai continué de me faire coacher quand j’ai bougé au Canada et encore aujourd’hui.”
Tout le monde devrait avoir un coach
L’image d’un coaching réservé aux perdants est encore forte en France. Heureusement elle a tendance à changer, poussée par l’influence outre-Atlantique notamment dans le monde des startups.
L’exemple de Larry Page, Eric Schmidt, Steve Jobs, Jeff Bezos ou encore Ben Horowitz le montre bien. Tous ont eu recours au coaching à un moment de leur vie.
Comme le dit Eric Schmidt – Ex CEO de Google “Tout le monde devrait avoir un coach”
Dans son livre intitulé “Trillion Dollar Coach”, Eric Schmidt, CEO de Google de 2001 à 2011 explique comment Bill Campbell, son coach, a changé sa vie.
“ Bill a été notre coach. Il nous rencontrait individuellement toutes les une à deux semaines pour parler des différents challenges qu’on rencontrait pendant que l’entreprise grandissait. Il nous a guidé en tant qu’individus et coéquipiers en travaillant dans l’ombre tandis que Google évoluait de la petite startup pour devenir l’une des entreprises les plus importantes du monde. Sans l’aide de Bill il est fort possible que rien de tout ceci n’ait eu lieu”.
Le coaching est un outil pour grandir et faire grandir. Les gens intelligents ne se font pas coacher uniquement pour régler des problèmes (même si cela aide), mais aussi et surtout pour les anticiper et mieux les appréhender lorsqu’ils arrivent.
En analysant les besoins de mes clients, j’ai identifié cinq raisons pour lesquelles il est important d’avoir un coach quand on est CEO, Leader exécutif ou manager :
- Prendre conscience de soi pour élever son leadership
- Sortir la tête du guidon
- S’entraîner pour développer ses compétences
- Passer du mode “solution” au mode “question”
- Être coaché pour mieux coacher
C’est parti pour explorer ces cinq raisons.
II – Cinq raisons d’avoir un coach
1 – Prendre conscience de soi pour élever son leadership
Il n’y a pas de secret : le niveau de leadership de la Direction influe directement sur les performances d’une organisation.
Dans son livre intitulé “Good to great – Why Some Companies Make the Leap… And others Don’t”, Jim Collins analyse les caractéristiques de onze entreprises aux performances boursières exceptionnelles et les compare aux entreprises concurrentes pour comprendre le succès de l’excellence.
L’une des premières caractéristiques que l’auteur identifie, c’est le type de leader que l’entreprise met à sa tête.
Des recherches menées par Blessing White consulting ont identifié les trois compétences principales du leader :
- La communication : savoir comprendre et faire comprendre
- La collaboration : Créer des relations de travail efficaces entre collaborateurs
- Le coaching : Développer l’équipe et les individus
Ces trois compétences font partie de ce qu’on appelle l’intelligence émotionnelle.
Si le leader n’est pas au niveau sur ces compétences, l’entreprise n’aura pas les bases solides pour surperformer à long terme.
C’est ce que John Maxwell appelle la Loi du couvercle dans son livre intitulé “Les 21 lois irréfutables du Leadership”. La capacité de leadership d’une personne détermine son niveau d’impact au sein de l’organisation. Si un CEO manque de leadership, toute l’organisation en pâtira.
Guillaume Moubeche, dans une excellente interview par Teale, explique comment Lemlist a failli couler à cause d’un défaut de communication entre fondateurs (et comment l’intervention d’un coach externe les a aidés à redresser la barre).
Quand on agit à ces niveaux, il est nécessaire d’avoir conscience de ses compétences en leadership.
Seul, il est très difficile d’évaluer son niveau de compétence. Nous sommes souvent sujets à l’effet Dunning-Kruger. Un biais cognitif qui nous pousse à surestimer notre compétence dans les domaines où nous sommes le plus faibles.
Marshall Goldsmith, Executive coach pour les entreprises du Fortune 100 estime que 70% des exécutifs pensent être dans le top 10.
Sans feedback objectif et pertinent, il est très compliqué de savoir vraiment où on en est.
C’est là qu’intervient le coaching.
L’un de mes clients, Leader chez Décathlon m’a partagé sa vision de notre travail de coaching :
“ Le coaching, c’est rendre compte pour se rendre compte”
J’ai trouvé ça parfaitement adapté. Le coach n’est pas là pour enseigner, il est là pour amener à la conscience ce qu’on ne voit pas, accompagner à trouver les solutions et permettre de les intégrer.
Le coaching permet de sortir de l’état “d’incompétent inconscient” pour rentrer dans celui “d’incompétent conscient”, puis de “compétent conscient”.
Ça fait mal à l’égo (c’est la raison pour laquelle on est souvent aveugle), mais c’est la meilleure opportunité pour s’assurer de grandir.
2 – Sortir la tête du guidon
En tant que C-level dans une Startup, il est fréquent de se retrouver “la tête dans le guidon”.
Entre les changements structurels, les ajustements liés à la croissance et la résolution des problèmes au jour le jour, sortir de l’urgence du quotidien peut vite devenir compliqué.
Pourtant, pour s’assurer de performer dans une optique moyen-long terme, il est nécessaire de prendre du recul sur ce qu’on vit pour conserver une vision claire et prendre les bonnes décisions.
Pour cela on a besoin de temps et de feedback.
Le temps
Prendre du temps pour se poser quand la tempête fait rage est contre intuitif. Si on ne décide pas clairement d’attribuer un créneau spécifique pour prendre du recul, il ne se créera pas lui-même.
Supposons même que vous ayez posé ce temps dans votre planning, si personne d’autre que vous n’en est garant, il risque fort de passer à la trappe.
L’un de mes clients m’a partagé son ressenti lors d’une séance :
“J’étais sur le point d’annuler notre séance. J’ai tout sur le feu, je suis surchargé en ce moment. Mais comme je sais qu’on n’a pas le droit aux excuses, je suis venu. Comme à chaque fois, la séance m’a permis de prendre du recul, de faire tomber la pression et d’appréhender plus sereinement la suite de la semaine. C’est vraiment paradoxal, je sais que ces créneaux m’aident mais si on ne les avait pas calés je ne les prendrai pas et je serais encore plus dans le jus.”
Le coaching est un temps qu’on s’offre pour prendre de la hauteur sur les événements. Sans ce cadre, l’inconscient, trop attiré par l’importance relative des urgences ne prendrait jamais ce temps.
Le feedback
“ C’est cool de faire ces séances avec toi. J’ai rarement l’occasion de partager sans filtre ce que je pense et encore moins l’occasion d’avoir un retour direct.”
Quand on bosse en tant que CEO, Leader ou dans le top management, on a rarement l’occasion de recevoir du feedback. Soit parce que nos collaborateurs ne se sentent pas forcément légitimes pour nous en donner, soit parce que le timing n’est pas idéal.
Pourtant le feedback, lorsqu’il est bien fait, est un moyen vraiment puissant d’aider une personne à progresser. En l’occurrence vous.
C’est tout le rôle du coach : apporter ce feedback constructif et dénué de jugement dont nous avons tous besoin.
3 – S’entraîner pour développer ses compétences
Le coaching est un excellent moyen d’évoluer personnellement dans sa posture de leader. Il permet d’apprendre à mieux communiquer et développer son empathie, sa capacité d’influence et d’inspiration.
Développer sa conscience de soi et prendre du recul sur les événements est une super première étape pour développer son leadership.
Mais elle n’est pas suffisante.
À un moment, il va falloir s’entraîner.
C’est la deuxième face du coaching.
Il est difficile de changer seul
Dans le quotidien de nos missions, rares sont les moments où on va tenter une nouvelle approche en matière de communication ou d’influence.
Je ne parle pas d’utiliser la nouvelle feature de Slack ou de préparer un team building (tout cela a aussi son importance). Je parle de faire évoluer sa propre posture de leader quand il s’agit de communiquer ou d’influencer.
Aborder ses collaborateurs d’une toute nouvelle façon, poser de nouvelles questions à ses associés, demander de l’aide pour stimuler l’engagement. Tous ces comportements, lorsqu’ils ne sont pas naturels, sont très difficiles à mettre en œuvre.
Le coaching pour accompagner le changement
Le coaching offre ce cadre challengeant et rassurant dans lequel il est possible de tester.
Nous avons travaillé avec l’une de mes clientes sur une toute nouvelle façon de mener un entretien collaborateur. Ça n’était pas évident pour elle. Pourtant, comme cela faisait partie du coaching, elle a testé la nouvelle approche et les résultats ont été au-delà de ses espérances.
Guillaume Moubeche s’est posé avec ses associés pour revenir sur un de leurs meetings qui a créé des frustrations. Ça n’était ni naturel ni confortable. Pourtant, c’est ce qui a sauvé Lemlist.
Une chose est sûre, on ne naît pas leader, on le devient à force de pratique. Et le coaching est la structure idéale pour s’entraîner.
4 – Passer du mode “solution” au mode “question”
À chaque séance avec mes clients je leur rabâche la même phrase :
“Celui qui lead, c’est celui qui pose les bonnes questions.”
Jérémie Coinon
À force, ils la connaissent par cœur !
Les questions sont l’outil ultime en matière de leadership. Elles permettent de comprendre, de créer du lien, d’amener des solutions, d’influencer.
Comment l’environnement nous pousse à donner nos solutions
Malheureusement, rares sont ceux qui maîtrisent parfaitement l’art de poser les bonnes questions.
Ça s’explique par notre parcours.
Lorsqu’on arrive à un poste de direction, ça fait des années qu’on est entraîné à trouver des solutions.
Déjà à l’école, celui qui trouve les solutions est considéré comme brillant.
Lorsqu’on commence à travailler, on nous demande de l’expertise et une capacité à produire. Plus on a de solutions, plus vite on a de chances d’évoluer.
Le paradoxe du leadership : What got you here won’t get you there
Tout bascule quand on prend un poste de management.
Avant, l’objectif était d’être le meilleur en trouvant les solutions avant les autres.
Maintenant, l’objectif est d’aider les autres à trouver les meilleures solutions.
C’est le fameux “What got you here won’t get you there” de Marshall Goldsmith. Les compétences qui t’ont permis d’arriver ici sont celles qui te bloquent pour passer au niveau supérieur.
Prendre un poste de management ou leadership, c’est lâcher le besoin urgent d’apporter ses propres solutions pour faire émerger celles de l’équipe.
Ce changement de posture est si conséquent que bon nombre de managers et top exécutifs n’arrivent pas à l’intégrer. Ils continuent à apporter les solutions.
Souvent ce comportement part d’une bonne intention : “J’ai déjà la solution, je vais leur donner. Ça ira plus vite, ils n’auront pas à chercher.”
Ça a des conséquences non négligeables pour l’équipe : perte de sens, d’engagement, de créativité, de productivité…
Apprendre à poser les bonnes questions est donc une compétence cruciale de leadership.
Les bénéfices sont multiples pour l’équipe :
- Elles renforcent les liens entre le leader et son équipe
- Les collaborateurs se sentent reconnus et écoutés
- La diversité des avis améliore la qualité des décisions
- L’intelligence collective tourne à plein régime
- Les collaborateurs sont plus impliqués dans la recherche de solutions et dans leur mise en application.
Comment poser les bonnes questions ?
Passer de celui qui dit à celui qui questionne est complexe. Souvent, on pense qu’une formation de groupe sera suffisante.
Malheureusement savoir ne suffit pas. Combien de mes clients m’ont dit, presque dépités : “pourtant je sais tout ça, pourquoi je ne le mettais pas en application ?”
La réponse est toute simple : une formation est déconnectée de la réalité. C’est une bulle dans laquelle on intègre des connaissances. Mais dès qu’on se retrouve dans l’environnement classique, les vieilles habitudes reprennent le dessus.
C’est la raison pour laquelle se faire coacher est si important. En s’entraînant à poser les bonnes questions en conditions réelles on développe les réflexes dont tout leader a besoin.
5 – Être coaché pour mieux coacher
La qualité n°1 d’un bon manager
Google s’est intéressé de près au sujet du management. En 2008, le laboratoire d’innovation de Google lance le projet Oxygen.
Leur objectif à l’époque : montrer que la qualité du manager n’a pas d’impact sur la performance.
Les statisticiens ont analysé les différences entre les managers les mieux et les moins bien notés, basés sur des évaluations du rendement passées, des questionnaires collaborateurs et différents feedbacks d’employés.
Ce qu’ils ont trouvé va à l’encontre de leur postulat de départ : Un bon management fait la différence.
Grâce aux résultats, ils ont identifié huit qualités qui font un bon manager.
La première de ces qualités : Un bon manager est un bon coach.
Ce qui fait un bon coach
Et être un bon coach, c’est savoir accompagner des individus ou des équipes pour leur permettre d’améliorer leurs performances, compétences et savoir-être dans l’objectif d’atteindre des résultats identifiés au préalable.
- C’est savoir créer des relations profondes basées sur la confiance et l’écoute.
- C’est comprendre en profondeur les besoins et le modèle du monde de son coaché,
- C’est identifier ce qui l’influence : ses valeurs, croyances et règles,
- C’est l’aider à poser une vision claire et ambitieuse qui a du sens pour lui,
- C’est maîtriser les outils d’influence pour aider son coaché à trouver les ressources pour atteindre ce qui est vraiment important pour lui,
- C’est créer un environnement supportant pour lui permettre d’exprimer ses ressources, stratégies et méthodes,
- C’est être ce “sparring-partner” qui assure un engagement continu dans la durée.
Tout cela s’apprend.
La meilleure façon d’apprendre ?
La meilleure façon d’apprendre cette posture de coach, c’est de la modéliser.
C’est ce que proposent les écoles sérieuses de coaching. Pendant deux ans, elles mêlent apports théoriques et application pratique pour permettre aux futurs coachs de développer leurs compétences.
Mais quand on bosse à plein temps, on n’a pas forcément deux ans pour développer ses compétences de coaching.
C’est là qu’un accompagnement fait toute la différence.
Lorsqu’on se fait accompagner sur la durée, on a le temps de comprendre ce que fait le coach et de s’approprier sa façon de faire.
C’est la mission d’un coach performant : vous permettre d’avancer personnellement tout en vous donnant les compétences de coaching qui vous aideront dans votre leadership.
Lorsque mes clients reviennent en m’expliquant comment ils ont aidé l’un de leurs collaborateurs avec le même outil qu’on avait utilisé ensemble, je sais que j’ai bien fait mon travail.
En décidant de vous faire coacher, non seulement vous avancez vers vos objectifs, mais vous développez en même temps la qualité principale d’un bon leader : être un bon coach.
III – Le coaching fonctionne
Ce n’est pas un hasard si les plus grands de ce monde ont un coach : le coaching fonctionne et il permet de grandir en tant que leader.
Au cas où le doute subsiste encore, les preuves sont là :
- 98% des coachés estiment que le coaching apporte des éléments pratiques, réalistes et applicables et que cela les aide à “identifier des comportements spécifiques qui leur permettent d’atteindre leurs objectifs.” (Étude du Center for Creative Leadership, 2016)
- 88% des managers estiment que le coaching les aide à atteindre leurs objectifs (BlessingWhite Consulting, 2016)
- Une étude conduite par MetrixGlobal LLC a estimé un ROI entre 500 et 800% grâce au coaching.
Mais au-delà des chiffres, ce sont les faits qui parlent. Que ce soit Alan Mulally, ex CEO de Boeing, Hubert Joly, ex CEO de Best buy, Jeff Bezos, Eric Schmidt, Larry Page ou encore Barack Obama, tous ont compris qu’investir dans le coaching était nécessaire pour aller là où ils voulaient aller.
Lorsqu’on occupe un poste de leadership, les enjeux sont grands et notre évolution personnelle impactera directement les résultats de l’organisation.
Outre les cinq raisons évoquées, se faire coacher apporte d’autres avantages :
En décidant de vous faire coacher, vous incarnez un message fort à destination de vos collaborateurs : Progresser est une nécessité et cela concerne tout le monde.
La balance vie privée/vie personnelle n’est pas toujours simple à trouver. Le coaching est un excellent outil pour retrouver cet équilibre.
Travailler sur son leadership implique de travailler sur sa façon de voir le monde et d’appréhender son état émotionnel. Ce savoir être aura un impact sur l’organisation. Il en aura tout autant dans votre vie personnelle avec vos proches, vos amis, vos enfants.
C’est la raison pour laquelle le coaching occupe une place si importante dans ma vie : je sais que quand mon client évolue, il inspire 1, 10 voire 100 personnes à évoluer également, que ce soient ses collaborateurs, ses proches ou même ses enfants. C’est toute la magie du coaching.